4/ Petit précis de vocabulaire sénégalais
Parce qu'en arrivant ici nous avons découvert pas mal de nouveaux mots, nous voulions vous en faire profiter…
Le 1er, et celui que nous entendons le plus ici, c'est "toubab" : le blanc, en opposition à bougnoul, le noir…Autant vous dire qu'à chaque coin de rue, les enfants nous crient "toubab, toubab !". En effet, la plupart d'entre eux sont hyper contents de nous voir et accourent pour nous dire "bonjour, ça va ?" et nous serrer la main. Certains prolongent la conversation par " Donne moi cadeau" ou "Donne moi argent", mais nous refusons toujours.
Le fait que nous soyons des toubabs est également l'occasion pour certains sénégalais, notamment dans les transports (pirogues, taxis brousses, etc.), d'essayer de nous arnaquer. Le fait qu'un toubab soit forcément riche est presque un dogme, ici. Du coup on a l'impression que certains d'entre eux ont pour devise : "Ici, si t'es toubab, on t'entube !".
Heureusement ceux-ci ne sont pas la majorité, et dès que nous arrivons dans les petits villages ou les familles, ceux-ci nous accueillent avec une hospitalité et une gentillesse extraordinaire.
Comme Goorgi et Thérèse à Dakar. Ou la famille de Lattir et Yam'bat, par exemple, qui nous ont reçu chez eux comme si nous faisions partie de la famille, nous ont invité à leur table pour Pâques et nous ont fait déguster les mets typiques (notamment de m'balax, une boisson que l'on boit uniquement le jour de pâques, constituée d'arachides, de bananes, de pain de singe). Ou les habitants du village de Dionewar, qui étaient avec nous sur la pirogue du retour sur le continent, et qui se sont tous ligués contre le piroguier quand celui-ci a essayé de nous faire payer 4 000 francs CFA au lieu des 800 francs CFA pour les locaux !
"Pain de singe", maintenant : c'est le fruit du baobab, cet arbre gigantesque qui vit des centaines d'années. C'est une espèce de coque suspendue aux branches et remplie de petits morceaux d'une substance blanche sèche et assez astringente qui fond dans la bouche pour ne laisser qu'un petit noyau. C'est censé être anti-diarrhéique, donc utile pour nous ! Mais pourquoi ça s'appelle "pain de singe " ? Eh bien parce que c'est la nourriture de base des singes…mais alors que sur certains baobabs tous les fruits ont été prélevés, sur d'autres tous les pains de singe sont encore là…et personne, pas même les singes, ne les prend : c'est parce que ces arbres là sont sacrés, et même le singes le sentent ! C'est ce qu'on nous a dit, en tous cas.
Un autre fruit inconnu pour nous jusqu'ici : la "pomme cajou", dont voici une photo.
C'est en fait le fruit duquel on extrait la noix de cajou. La pomme est très juteuse et sucrée, mais sa chair est un peu caoutchouteuse…Je trouve que ce fruit ressemble un peu à un esquimau, sauf qu'en guise de bâtonnet, il y a une coque qui renferme la noix de cajou, que l'on fait ensuite griller.
On a aussi vu ici des "cerises", mais rien à voir avec les nôtres : ce sont de petites boules vertes croquantes et acides !
Dans le village de Dionewar, où on nous avait parlé des lieux sacrés, des arbres sacrés, on nous a aussi parlé d'"herbe sacrée". J'ai supposé que, un peu comme le café "touba" qui est un ersatz de notre café fait avec une plante locale, l'"herbe sacrée" devait être un ersatz de tabac avec peut-être un effet un peu plus fort…Jérôme a donc décidé d'en acheter : nous allons avec Lamin notre guide dans une petite maison du village, et il en ressort avec un bout de papier…rempli de cannabis ! Quelle naïve, je ne m'en étais pas doutée un seul instant.
Un dernier mot, mais qui pour le coup ne semble pas exister dans le vocabulaire des sénégalais : la machine à laver. Partout, même à Dakar, la lessive se fait à la main…les femmes y passent leur journée, et 4 ou 5 bassines sont nécessaires. Mais nous n'avons pas encore percé ce mystère…