31/ Le luxe de l’attente ?

Publié le par Hélène

Qu’avons-nous appris durant notre voyage en Afrique et en Amérique latine ? Nous avons appris à attendre …et à apprécier cette attente.

Eh oui c’est tout bête mais c’est quelque chose qu’on ne sait plus faire en France…il faut qu’on ait tout, tout de suite, qu’on attende pas le métro plus que ces 7 minutes d’intervalle réglementaires (et encore quand on attend 7 minutes c’est grave relou), qu’on passe un coup de fil dès que quelqu’un a 5 minutes de retard à un rdz vs…Pourquoi ? Mais simplement parce qu’on a pas le temps (« J’ai pas le temps, mon esprit est ailleurs ! »). On court du bureau à la maison, puis chez les potes, ou au yoga, ou je ne sais quoi. Tout ça avec une seule idée en tête : rentabiliser au maximum son temps libre…parce qu’on en a tellement peu (et encore, merci les 35 heures !).

Le voyage longue durée permet et apprend ça : à attendre. Pas de rendez-vous, d’objectifs précis, tout est évolutif et on s’adapte au gré des envies, du vent etc. 

Attendre assis par terre sur le quai d’une gare un train pendant 8 heures au Mali, puis une fois installé encore attendre une heure que le train démarre, alors qu’il fait 40° et qu’on ruisselle de transpiration sans même bouger un pouce… 

Attendre 3,4 ou 5 heures en plein soleil, alors qu’il fait entre 40° et 45° à l’ombre (oui oui à l’ombre !), au Sénégal ou au Togo, que le minibus se remplisse pour partir… 

Attendre l’autre jour au Nicaragua après une journée dans un petit village au bord du Pacifique que le dernier bus de la journée arrive, en espérant qu’il arrive, pour nous ramener à notre hôtel. Le jour vient de se coucher, les moustiques sont de sortie et nous dévorent…mais quelle belle attente ! De la musique latino s’échappe du bar d’en face…des gens descendent la rue en vélo et leurs silhouettes s’éclairent quelques secondes quand ils passent sous le halo de lumière diffusé par un lampadaire. On dirait cette fameuse scène d’ET où ils s’envolent sur le vélo. C’est un superbe moment ! 

Attendre en pleine nuit dans une des gares routières de Managua et avoir une des discussions les plus incroyables de notre vie…. La salle d’attente est en plein air, c’est la nuit, des cafards se baladent sur les accoudoirs de nos sièges (il y aura même des cafards dans le bus que nous prendrons ce jour-là…quelle horreur !), mais nous rencontrons quelques hommes qui attendent également. Ils viennent de petits villages isolés au nord du pays et la naïveté (sans connotation négative) de leurs questions est touchante. On se rend vraiment compte de l’écart qu’il y a entre eux et nous, et de la force de l’éducation et de l’école sur notre manière de pensée. C’est une conversation très difficile à retranscrire car tellement hallucinante et tellement loin de notre logique à nous…mais j’essaie : L’un d’entre eux est très impressionné par notre espagnol, et se demande à la fois comment il est possible que nous parlions l’espagnol sans être né dans un pays hispanophone (il a du mal à comprendre qu’on puisse l’apprendre à l’école) et comment il est possible qu’on parle le français. On lui a pourtant bien dit qu’on était français, mais il ne comprend pas bien comment on peut avoir une autre langue maternelle que l’espagnol. Tellement incroyable…mais vrai. Et pas du tout neu neu j’insiste, c’est juste que sa perception du monde est bien plus limitée que la nôtre. 

Enfin tout ça pour dire qu’attendre ce n’est pas perdre son temps, c’est avoir du temps pour observer, découvrir, s’étonner… 

Mais c’est vraiment un luxe que d’avoir la possibilité d’attendre…un luxe que l’on découvre que quand on a le temps… 

Et nous nous offrons ce luxe, et nous l’apprécions pleinement. 

Publié dans Amérique Centrale

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I
Profitez profitez!!! C'est vrai que c'est un luxe et qu'en lisant ton article en s'en rend encore plus compte. J'aurais bien aimé être avec vous à écouter la musique et regarder les vélos. Ici on court toujours derrière le temps :(
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